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Sur cette page vous lirez :

Des informations sur le phénomène des victimes de proxénètes d’adolescents

Les démarches à entreprendre et la posture à adopter pour aider une victime

Quelques indications pour pouvoir détecter une victime (potentielle)

Des pistes et des ressources pour animer des ateliers de prévention

Si vous cherchez rapidement une réponse à vos questions, vous êtes au bon endroit. Vous découvrirez ici les éléments clés caractérisant la thématique des victimes des proxénètes d’adolescents.

Toutefois, si vous souhaitez approfondir vos connaissances, nous vous conseillons de suivre le cours en ligne « Victimes mineures d’exploitation sexuelle dans la prostitution : connaitre, détecter, réagir et prévenir », disponible gratuitement sur la plateforme www.childfocuslearninghub.be

APPRENDRE PLUS

Le phénomène des proxénètes d’adolescents: de quoi s’agit-il ?

N’importe quel jeune peut tomber entre les mains d’un proxénète d’adolescents. Toutefois, un dénominateur commun a pu être identifié parmi tous les profils de victimes : le désir intense d’une vie meilleure ou d’une vie différente.

La vulnérabilité des victimes peut être le résultat de différents facteurs, comme des antécédents familiaux et/ou un placement problématiques, une mauvaise ou faible estime de soi, des problèmes psychiques, …

Le risque de devenir victime est dès lors plus important si les auteurs sont en mesure de déceler une fragilité. Cette fragilité, cette carence, bien identifiée par l’auteur, va être utilisée pour manipuler et exploiter la victime. En fonction des besoins de la victime ils vont par exemple lui donner de l’attention, lui offrir des cadeaux ou l’aider financièrement, lui proposer un hébergement, l’inviter à des soirées où l’alcool et la drogue circulent facilement, …

« Les proxénètes d’adolescents sont des exploitants d’êtres humains qui rendent intentionnellement des adolescents affectivement et matériellement dépendants d’eux, afin d’ensuite – par la tromperie, la coercition, la violence physique et psychologique et/ou en abusant de leur vulnérabilité – les exploiter sexuellement. »

L’exploitation sexuelle est une des formes que peut prendre la traite des êtres humains. Il s’agit d’une violation fondamentale des Droits de l’Homme et une forme moderne d’esclavage dans laquelle une personne exploite une autre personne pour son propre profit.

Le terme “proxénète d’adolescents” est aussi parfois confondu ou utilisé de manière interchangeable avec le terme “loverboy”. Child Focus prend depuis plusieurs années explicitement ses distances par rapport à ce terme car il s’agit en fait d’un euphémisme, qui tend vers une image trop romanesque et surtout réductrice d’une problématique complexe, aux multiples facettes, mais qui, au fond, repose sur la manipulation, l’isolement et l’exploitation sexuelle d’adolescents.

Dans les faits, les proxénètes d’adolescents demandent à leurs victimes d’avoir des relations sexuelles tarifées qu’ils arrangent avec des clients. Ces clients peuvent être des connaissances des proxénètes d’adolescents eux-mêmes ou des inconnus qu’ils trouvent sur Internet.

Comment reconnaitre une victime ?

Ci-dessous, vous trouverez un certain nombre d’éléments qui peuvent indiquer qu’un jeune est peut-être victime d’exploitation sexuelle dans la prostitution. Attention, cette liste n’est pas exhaustive et n’offre aucune certitude.

  • Utilisation plus fréquente et obsessionnelle des réseaux sociaux ;
  • Un changement anormal et soudain dans les contacts sociaux ;
  • Des changements au niveau du comportement et des prestations à l’école ;
  • Fugues régulières et/ou inattendues ;
  • Changements comportementaux soudains et (partiellement) inexplicables. Par exemple : anxiété, isolement, changements vestimentaires, se maquille (beaucoup) plus, mensonges, automutilation, …) ;
  • Comportement sexuel étrange ;
  • Signaux indiquant que le jeune vit sous le contrôle et la contrainte ;
  • Problèmes de santé (p.ex : plaintes liées au stress ou à la sexualité) et signaux de dépendance ;
  • Le jeune porte soudainement des habits coûteux ou possède des objets de valeur.

Dans certains cas, c’est la fugue en elle-même qui mène à des situations d’exploitation sexuelle, car leur comportement de fugue rend ces jeunes extrêmement vulnérables. Les proxénètes d’adolescents parviennent à mettre sur pied un « business » lucratif : recueillir les jeunes en errance qui s’enfuient à répétition des institutions et/ou qui aspirent à une vie différente. Outre le recours à des tactiques d’attachement émotionnel, les auteurs offrent alors à ces jeunes des moyens matériels qui permettent de découvrir une vie nouvelle, comme par exemple leur procurer un hébergement, de la nourriture, des (petites) sommes d’argent ou des drogues.

Dans d’autres cas, la fugue est un signal fort d’une situation d’exploitation sexuelle. En effet, pour pouvoir retrouver leurs clients, les jeunes n’ont pas d’autres choix que de quitter le domicile familial ou l’institution dans laquelle ils sont placés.

Afin de se protéger, la plupart des victimes sont dans le déni et sont incapables de se confronter à leur réalité. Elles ne comprennent pas la complexité du rapport de force installé entre elles-mêmes et le proxénète. Les victimes ne sont pas ou peu conscientes de la position en réalité désavantageuse qui est la leur dans la situation d’exploitation sexuelle mise en place par les proxénètes et les « clients » adultes.

Pour pouvoir survivre à leur quotidien, elles se perçoivent différemment que comme victime ou prostituée. Elles vont tenter d’adoucir leur réalité en prenant de la distance émotionnelle, en imaginant une forme de légèreté et en y mettant une couche de glamour. Elles se considèrent alors parfois comme « escorte » et expliquent pratiquer « des rapports sexuels tarifés », ce qui n’a selon elles rien à voir avec la prostitution, et encore moins avec l’exploitation sexuelle. Elles perçoivent la prostitution comme quelque chose de très péjoratif et qui se déroule exclusivement sous la contrainte. L’escorte semble plutôt suggérer quelque chose de plus volontaire. Cette croyance vient renforcer l’illusion de la nature consensuelle de la relation entre la victime et l’auteur, mais aussi l’incapacité totale à admettre l’aspect d’exploitation. Les proxénètes semblent particulièrement doués pour entretenir un flou autour de ce prétendu consentement, une tactique qui s’avère bien plus efficace que la violence brutale comme moyen de coercition.

Dès lors, il est exceptionnel que les victimes fassent elle-même un signalement ; elles seront plutôt identifiées comme telles par leur entourage sur base de certains signaux, ou en raison d’autres phénomènes périphériques (voir ci-dessus).

Comment venir en aide à une victime ?

Le plus important, avant tout autre chose, est de considérer le jeune comme une victime et de le traiter comme tel. Il est dès lors d’une importance capitale que toute personne qui se trouve confrontée à une victime de proxénète d’adolescents adopte cette même attitude : soutenir la victime, ne pas la juger, ne pas la sanctionner.

Ci-dessous, vous lirez 5 points clés à respecter pour aborder le sujet de la prostitution avec un mineur dont vous pensez ou savez qu’il est victime :

  • Ne pas juger 
  • Poser un cadre rassurant 
  • S’enquérir des besoins du jeune par une question ouverte
  • Etre authentique
  • Respecter la temporalité du jeune

Toute la difficulté dans l’accompagnement d’une victime (supposée) d’exploitation sexuelle réside dans la construction d’un lien de confiance. Il est pourtant essentiel d’y investir du temps et de l’énergie. Car c’est grâce à ce lien de confiance que le jeune va ouvrir les yeux et qu’il va petit à petit se rendre compte de sa position désavantageuse. Cette étape-là est cruciale pour la victime car elle déterminera les premiers pas de sa distanciation avec son proxénète.

Continuez donc à chercher le dialogue et n’abandonnez jamais, même si vous êtes repoussé systématiquement. Continuez à lui dire que vous ne la laisserez pas tomber. Bon nombre de victimes de proxénètes d’adolescents ont l’impression que les adultes les ont laissées tomber toute leur vie. Brisez ce cercle.  Ne lui promettez pas de solution miracle mais montrez-lui que vous ne baisserez pas les bras, que vous continuerez à chercher et à agir ensemble, ce sera déjà beaucoup.

  • A Child Focus : Child Focus est la Fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités. Elle dispose d’une ligne d’urgence, le 116 000, disponible 24h/24 et 7j/7.

En tant que professionnel, que vous fassiez face à une situation de fugue, une victime de proxénètes d’adolescents ou que vous vous inquiétiez par rapport à l’usage des réseaux sociaux des jeunes, n’hésitez pas à contacter Child Focus. Il y aura toujours un conseiller qui vous proposera une écoute attentive, que votre demande soit urgente ou non.

Par ailleurs, non seulement les professionnels, mais également les proches, les enfants et les jeunes eux-mêmes sont les bienvenus sur cette ligne d’aide.

  • A un centre spécialisé : En Belgique, il existe 3 centres d’accueil et d’accompagnement spécialisés qui soutiennent les victimes de traite des êtres humains, qu’elles soient belges ou non belges, mineures ou majeures :

Ces organisations sont également joignables via le point de contact pour les victimes de la traite des êtres humains : www.stophumantrafficking.be

En tant que travailleur social, vous êtes soumis au secret professionnel. Mais celui-ci comprend des exceptions :

  • Si un travailleur social dispose d’éléments indiquant qu’un mineur est victime d’exploitation sexuelle, il peut lever son secret professionnel.
  • S’il dispose d’éléments indiquant que le mineur est en situation de péril grave, il doit lever son secret professionnel.

Comment ? En informant le Procureur du roi des faits en question.

Dans tous les cas, soyez transparent avec le jeune, afin de ne pas rompre le lien de confiance qui est souvent déjà très fragile. Dites-lui les démarches que vous comptez entreprendre et pourquoi.

Et ne restez pas seul avec ces questionnements : vous avez toujours la possibilité d’en parler de façon anonyme avec un conseiller de Child Focus grâce à la ligne d’urgence 116 000 ou à un centre d’accueil et d’accompagnement spécialisé. Ces services sont également soumis au secret professionnel.

Comment limiter le risque qu’un.e jeune soit exploité.e sexuellement ?

MAX est une action de prévention universelle et permet d’agir de manière préventive pour de nombreux phénomènes liés aux difficultés des jeunes. Donc certainement aussi pour les victimes de proxénètes d’adolescents.

Child Focus a pour ambition que chaque enfant en Belgique ait un MAX, une personne de confiance adulte de son entourage (nécessairement rencontrée hors ligne), à qui il peut se confier en cas de difficultés et avec qui il se sent bien. MAX est un concept qui appartient à tout le monde.

Tous les enfants ont besoin d’un MAX, en particulier les enfants les plus vulnérables. Ils peuvent par exemple parler à leur MAX lorsqu’ils ont des doutes concernant une personne qu’ils ont rencontrée en ligne. Mais surtout, un MAX peut aider en cas de problèmes. Car un Max ne juge pas et, surtout, ne condamne pas, mais il promet d’apporter son aide si l’enfant fait face à des difficultés. D’une manière ou d’une autre.

Pour plus d’infos sur MAX : www.chacunsonmax.be

Les proxénètes d’adolescents se tournent de plus en plus vers les réseaux sociaux et les plateformes en ligne pour rechercher et contacter leurs victimes. Ainsi, responsabiliser les jeunes et leur apprendre à utiliser Internet de manière ludique, sûre et responsable, c’est prévenir directement le risque qu’ils deviennent victimes de proxénètes d’adolescents.

Internet est un outil extraordinaire qui offre d’innombrables possibilités et opportunités. Interdire l’usage d’internet et des réseaux sociaux n’est donc pas une bonne solution. Au contraire, car tous les avantages seraient perdus. Mais comme pour tout dans la vie, internet comprend également son lot de risques. Mieux vaut donc accompagner et guider un enfant dans sa découverte du monde numérique pour qu’il puisse en avoir un usage sûr, responsable et amusant.

Rendez-vous dans le volet “Sécurité en ligne” sur le site web de Child Focus pour davantage d’informations, de conseils et de ressources pédagogiques pour travailler autour de cette thématique avec les jeunes.

Pour apprendre à accompagner les enfants et les jeunes dans leurs usages d’internet et des réseaux sociaux, Child Focus propose une formation pour les professionnels : https://childfocus.be/fr-be/Formation/Professionnels/Formation-Clicksafe

Le développement des jeunes vulnérables est souvent instable. Leur personnalité carencée émotionnellement offre une brèche dans laquelle les proxénètes s’infiltrent.

Child Focus a dès lors développé l’outil de prévention Girl Power Squad (GPS) pour tenter de combler cette carence en renforçant les jeunes filles, en les invitant à porter un regard positif et bienveillant sur elles-mêmes. Il s’agit en effet d’une ressource pédagogique pour les professionnels visant à armer les jeunes filles face au phénomène des proxénètes d’adolescents grâce à l’acquisition de différentes aptitudes sociales et émotionnelles.

L’outil est gratuit et s’adresse aux professionnels du secteur de l’aide à la jeunesse. Il peut être utilisé avec des jeunes filles dès l’âge de 11 ans.

Pour plus d’informations ou pour obtenir un identifiant permettant d’accéder à l’outil : training@childfocus.org

La fugue est intrinsèquement liée à l’exploitation sexuelle de mineurs dans la prostitution. La fugue peut constituer soit l’origine, soit un signal fort d’une situation d’exploitation. Il est dès lors primordial de prévenir ces épisodes de fugue qui pourraient déboucher sur une situation d’exploitation.

La fugue est en général un signal fort de la part du jeune pour exprimer que quelque chose ne va pas. La clé est donc de parler et de communiquer un maximum avec le jeune. Si vous sentez que le jeune ne souhaite pas se confier à vous, tentez d’identifier ensemble qui pourrait jouer ce rôle de personne de confiance, le Max, dans l’entourage du jeune.

Enfin, il peut également s’avérer utile d’identifier un endroit où le jeune peut se rendre s’il ressent le besoin de souffler un peu, de prendre distance avec les difficultés auxquelles il fait face au quotidien. Aller loger chez sa grand-mère, un copain, ou une autre tierce personne peut être profitable pour tout le monde dans ces moments-là.

Vous souhaitez en savoir plus sur le profil des jeunes qui fuguent, leurs motivations et ce que vous pouvez faire (en collaboration avec Child Focus) si vous y êtes confronté en tant que travailleur social, policier ou magistrat? Mais aussi apprendre comment vous pouvez contribuer à prévenir ce phénomène dans le cadre de votre rôle et de votre fonction ? Child Focus a développé la formation RADAR qui s’adresse aux policiers, au parquet et aux travailleurs sociaux. Pour toute demande concernant une formation, veuillez contacter training@childfocus.org

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